28 nov 2016

virée à Bissau


Avant de partir nous perdre dans l'archipel complètement sauvage, on doit s'approvisionner un peu. Compte tenu de la pauvreté des villages, on doit se rendre à Bissau, la capitale qui a priori a un marché riche et des supermarchés correctement achalandés. Les jours précédents cette virée, nous travaillons à établir une liste précise de ce qu'il nous faudrait a minima pour passer un mois ici mais aussi en repérage pour notre approvisionnement en vue de la transat qui nous attend. Il faut aussi recharger nos bombonnes de gaz.

Rien qu'en dressant la liste, nos papilles s'agitent. Depuis le départ de Madère, notre panier de courses revient souvent rempli des mêmes denrées œufs, pommes de terre, oignon, et concombre et potiron les jours de chance.

On forme 2 groupes : Roberto et Bora restent à bord pour faire un réapprovisionnement d'eau et rattraper le retard dans les cours de CNED. Tea et moi sommes donc missionnées pour le ravitaillement à terre.

Nous avons rendez-vous avec le bateau taxi à 6h00, on récupère d'autres passagers au campement et à Bubaque et nous voilà parties pour une traversée de 2h à moteur. Arrivées à Bissau Sherif, le conducteur de notre bateau taxi  a été désigné par Solange pour nous accompagner. Son aide n'est pas de trop. Déjà pour nous orienter dans la ville, car je n'ai bien entendu aucun plan de la ville et il n'y a pas de nom de rue. Aussi pour nous déplacer en « un taxi », c'est-à-dire en voiture collective : le chauffeur s'arrête tant qu'il considère qu'il de la place, c'est-à-dire que je finis toujours avec Tea sur mes genoux. Enfin pour m'aider à porter les sacs et bombonne de gaz.  

Le marché est à la hauteur de nos attentes, beaucoup de fruits exotiques ( fruits de la passion, goyave, papaye, …) des légumes frais à profusion relativement chers dans un pays où rien n'arrive à pousser. J'évite les étales de viande, pas tout à fait aux standards d'hygiène occidentale.

Mission gaz aussi accomplie, mais je ne peux pas recharger notre bombonne sur place et je dois en acheter une nouvelle qui pèse plus de 15kg. (Roberto se chargera de transférer le gaz de l'une à l'autre selon un système très sioux que je suis sûre il n'aura pas manquer d'expliquer sur le blog en italien). L'aide de Shérif est la bienvenue pour s'orienter dans le marché et trimballer tous nos achats.

Dernier objectif, supermarché. Là en revanche, c'est la douche froide. Adieu pâtes Barilla, Ketchup, moutarde et café. Bonjour tomates en boites produite en République démocratique de Chine,  spaghetti halal made Egypt et conserves de légumes recouvertes de poussière. Mon moral tombe à zéro car je nous vois pas partir avec « cela » pour 3 semaines en mer. On touche le fond.

Tant pis, je prends le minimum disponible, et on repart, Shérif nous attend pour rapporter tout cela au port. Il fait chaud, on est collé dans le taxi collectif, Tea me demande d'ouvrir la fenêtre mais vu la tête de la portière, je lui dis qu'il est préférable d'attendre d'être arrivées.

Nous déchargeons tout dans notre bateau taxi qui repart à 16h et nous invitons Shérif à nous accompagner pour un déjeuner bien mérité.

Sherif nous raconte un peu sa vie, 2 mariages, 11 enfants dont 3 morts en bas-âge. Il a laissé sa famille au Sénégal pour travailler dans l'archipel Bijagos, la séparation est dure mais pas le choix. Il raconte tout cela avec un grand sourire qui laisse apparaître une dentition blanche parfaite. Il est très attentionné avec Tea, dans le marché, il ne lui lâche jamais la main. Nous sourions quand une marchande de pain demande à toucher les cheveux blonds de Tea. Ce n'est pas tous les jours qu'une  une mère et son enfant blancs viennent faire leurs courses dans le marché de Bissau. Sur le chemin du retour, on nous salue régulièrement.

Nous repartons avec notre bateau taxi, cap sur le campement et sur Brancaleone. Nous avons pris des clients brésiliens avec nous, plus des bidons de gasoil pour les besoins de fonctionnement du campement, nous sommes particulièrement chargés et mettons presque 3 heures pour rentrer. Tea est assise à côté de Sherif pour la protéger des embruns, puis épuisée elle vient s'endormir à côté de moi.

Shérif nous dépose avec nos courses au voilier le soleil a déjà disparu derrière l'horizon, je le remercie chaleureusement et je ne suis pas mécontente de remettre enfin les pieds sur Brancaleone.   


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Daphné

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